Culpabilité en recherche d'emploi : ne pas postuler H24, c'est normal !

13 mai 2024

7min

Culpabilité en recherche d'emploi : ne pas postuler H24, c'est normal !
auteur.e
Sarah Torné

Rédactrice & Copywriter B2B

contributeur.e

Il est midi et demi, vous êtes assis en terrasse, sirotant un café avec des amis. Le soleil brille, les rires fusent, mais au lieu de profiter du moment, votre cerveau décide de jouer les trouble-fêtes. « Devrais-je vraiment être ici à m'amuser alors que je n'ai pas encore décroché un entretien ? » Et bam ! Vous voilà noyé sous une vague de culpabilité.

Cette sensation familière vous assaille peut-être aussi lorsque vous décidez de prendre une pause bien méritée, ou lorsque vous osez dépenser un peu d’argent pour vous faire plaisir. Mais d’où vient cette culpabilité sournoise ? Et surtout, comment s’en défaire pour retrouver la sérénité dans votre recherche d’emploi ? Décryptage et conseils pour surmonter ce fardeau émotionnel et reprendre le contrôle de votre bien-être professionnel.

Le poids de la culpabilité : un invité non désiré

Plus qu’un sentiment, la culpabilité est une réaction émotionnelle complexe qui survient lorsque nous percevons que nous avons failli à nos propres standards ou à ceux que la société attend de nous. Dans le contexte de la recherche d’emploi, ce sentiment est souvent amplifié par la pression de devoir être constamment productif et efficace dans sa quête d’un poste.

Cette culpabilité peut se manifester de diverses manières :

  • Le sentiment chronique de ne pas en faire assez : Même après des heures passées à peaufiner des CV et des lettres de motivation, le doute s’installe : ai-je vraiment fait tout mon possible aujourd’hui ?

  • La culpabilité de s’octroyer une pause : Un après-midi au cinéma ou une soirée entre amis peut rapidement être teinté de remords. « Pendant ce temps-là, je pourrais postuler à d’autres offres », se dit-on. Ainsi, même les rares moments de détente deviennent sources de stress plutôt que de relaxation.

Julien, 29 ans, ex-marketeur et actuel chasseur de job raconte comment, après deux mois sans emploi, chaque sortie avec des amis est une expédition coupable. « À chaque fois que je commande un simple café, j’entends une petite voix me dire que je brûle peut-être l’argent de mon prochain loyer. » Ces moments, qui devraient être des bulles de respiration, se transforment pour lui en sources de stress. « Ça me gâche presque mes sorties », ajoute-t-il. Pour Leïla, 34 ans, ancienne consultante, et future… à définir, la culpabilité émane aussi d’un sentiment d’être un poids pour sa famille. « Mon conjoint est super soutenant, mais je ne peux pas m’empêcher de me sentir comme un fardeau. » Bien que soutenue, elle lutte contre un sentiment désagréable. « Comment prendre du bon temps quand on se sent financièrement dépendant ? », se demande-t-elle. Chaque activité, chaque dépense devient une source de culpabilité, car elle y voit un impact potentiel sur les finances du foyer.

Quand la recherche d’emploi devient un fardeau

La culpabilité pendant la recherche d’emploi est alimentée par plusieurs facteurs. Le premier étant la valeur que notre culture accorde au travail. Être employé n’est pas seulement une nécessité économique ; c’est souvent perçu comme un signe de réussite personnelle et sociale. Lorsqu’on se retrouve sans emploi, il peut donc sembler que l’on ne réponde plus à ces critères de réussite, ce qui nourrit un sentiment d’infériorité. La recherche d’emploi est également marquée par un manque de feedback immédiat. Dans une situation d’emploi, les retours sur la performance sont directs (qu’ils soient positifs ou critiques). Mais lorsqu’on postule, on a parfois l’impression de lancer des messages dans le vide, sans aucune réponse en retour. Ce manque de réponse concrète peut amener à douter de sa valeur et de ses compétences, exacerbant encore la culpabilité. Pour finir, il y a l’influence des réseaux sociaux et des comparaisons incessantes avec les autres, qui semblent toujours avoir des parcours plus linéaires ou réussis. Ces comparaisons peuvent conduire à une auto-évaluation sévère et injuste, où l’on se reproche de ne pas être à la hauteur des images souvent idéalisées que l’on voit en ligne.

Pourtant, à y regarder de plus près, cette culpabilité n’est pas tout à fait justifiée. Premièrement, rappelons que la recherche d’emploi est temporaire. Elle n’est pas votre nouvelle identité, ni une marque indélébile sur votre front. Elle ne définit pas votre valeur ni ne dicte votre avenir. Ensuite, le marché de l’emploi n’est pas un jeu de chaises musicales où le dernier à trouver une place est un perdant. C’est un écosystème complexe, influencé par une multitude de facteurs externes comme l’économie, les industries en vogue, et même la saison. Ne pas décrocher un job dans l’immédiat n’est pas un échec personnel mais un timing qui n’est pas encore juste. Et que dire de cette image du travailleur idéal, toujours en action, toujours productif ? Merci, mais non merci, Instagram. Finalement, cette période “hors emploi” peut être une mine d’or pour le développement personnel et professionnel : apprendre une nouvelle compétence, réfléchir à son parcours, revoir ses ambitions… Si l’on considère que chaque situation de vie, y compris le chômage, peut être une période de croissance et de réflexion, alors non, cette culpabilité n’est souvent pas justifiée. Se permettre des moments de détente et des sorties n’est pas un acte de négligence mais un aspect crucial du maintien de l’équilibre mental et social.

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4 conseils pratiques pour déculpabiliser pendant la recherche d’emploi

Audrey Masson, coach et consultante certifiée, nous livre des stratégies pour transformer cette période d’incertitude en une opportunité de croissance personnelle.

1. Reconnaître et adresser la culpabilité

L’experte identifie cette sensation pesante comme étant souvent nourrie par une comparaison constante avec les personnes en situation d’emploi et une estime de soi chancelante. Cette combinaison toxique peut facilement vous entraîner dans les méandres de la procrastination et un repli sur vous-même assez sombre. « Cela peut mener à des comportements autodestructeurs, des troubles alimentaires, des addictions, et des conséquences relationnelles délicates », révèle-t-elle.

Le conseil d’Audrey : Prenez un moment pour vous évaluer honnêtement. Êtes-vous souvent en train de vous comparer aux autres ? Vous sentez-vous parfois paralysé ou isolé dans votre recherche d’emploi ? Si oui, il est temps de reconnaître ces tendances. Admettre que vous êtes pris dans ces filets de la culpabilité est le début de votre chemin vers une recherche d’emploi plus saine et libérée.

2. L’importance du soutien

Dans ces moments où la culpabilité et le doute peuvent vous envahir, il est crucial de vous entourer de personnes qui vous apportent un soutien positif et constructif. « Identifiez les personnes dans votre entourage qui sont véritablement ressourçantes », conseille Audrey Masson. Ce sont ces alliés qui vous aideront à recharger vos batteries émotionnelles et à voir les choses sous un jour plus optimiste. Ils sont les piliers sur lesquels vous pouvez vous appuyer pour maintenir votre moral au beau fixe. Et si le brouillard semble trop dense, si les questions se font trop lourdes, l’experte recommande de ne pas hésiter à chercher de l’aide professionnelle. « Pour ceux qui ressentent que leurs défis sont plus complexes, l’accompagnement d’un coach peut être extrêmement bénéfique. » Ces experts peuvent vous aider à revaloriser votre potentiel et à remettre les choses en perspective, vous donnant ainsi les outils nécessaires pour avancer sur votre chemin professionnel avec confiance et clarté.

Le conseil d’Audrey : Ne sous-estimez jamais le pouvoir d’un bon réseau de soutien. Que ce soit des amis, de la famille, ou des professionnels, assurez-vous d’avoir à vos côtés des personnes qui croient en vous et en votre capacité à surmonter cette période.

3. Structurer son temps

Audrey Masson le clame haut et fort : gérer son temps avec sagesse est absolument essentiel lorsqu’on navigue dans les méandres de la recherche d’emploi. Elle préconise de s’accorder des pauses conscientes, véritables petites vacances de l’esprit, pour recharger les batteries et y voir plus clair. « Marquer une pause va permettre un regain d’énergie et avoir les idées plus claires que quand on est dans l’action forcée. »

Mais ne vous y trompez pas, ce n’est pas simplement faire une pause pour paresser. Après ce repos bien mérité, il est temps de structurer votre quotidien. L’experte insiste sur l’importance de dessiner un emploi du temps qui balance judicieusement entre la recherche active d’emploi, la formation continue, et des moments de détente. « C’est cette structure qui vous permettra de rester engagé, de progresser et de prendre soin de vous simultanément », souligne-t-elle.

Le conseil d’Audrey : Traitez votre recherche d’emploi comme un projet qui nécessite une gestion de temps experte. Intégrez des pauses stratégiques qui vous permettront de maintenir votre énergie et votre clarté mentale. Et lorsqu’il est temps de travailler, assurez-vous que votre emploi du temps inclut des périodes dédiées à des activités enrichissantes et reposantes. C’est en équilibrant effort et relaxation que vous trouverez l’énergie de poursuivre vos objectifs sans vous épuiser.

4. Maintenir une hygiène de vie saine

Selon Audrey Masson, il est facile de laisser la quête d’un emploi cannibaliser tout votre temps et énergie, mais elle rappelle l’importance vitale de ne pas mettre de côté votre bien-être physique et mental. Elle recommande vivement d’adopter un rythme de vie régulier, de veiller à votre alimentation, et de vous impliquer dans des activités qui boostent à la fois votre corps et votre esprit.

« Au milieu de cette frénésie de recherche d’emploi, il est crucial de continuer à vivre », insiste Audrey Masson. « Lancez-vous dans des activités sportives, plongez dans des projets créatifs… Ce sont souvent dans ces moments que jaillissent les meilleures idées. » Elle souligne combien il est important de garder ces espaces de liberté où l’esprit peut vagabonder et souvent, c’est là que surgissent des solutions inattendues ou des inspirations pour votre parcours professionnel.

Le conseil d’Audrey : Ne laissez pas la recherche d’emploi vous engloutir au point d’oublier de prendre soin de vous. Instaurez et respectez des routines qui incluent aussi la nutrition, l’exercice et la créativité. C’est dans cet équilibre que vous trouverez non seulement la santé, mais aussi l’inspiration et l’énergie nécessaires pour exceller dans votre recherche d’emploi.

5. Établir des objectifs clairs et réalisables

L’experte préconise de se donner chaque semaine de petits défis, tels que la révision de son CV ou le suivi rigoureux des candidatures grâce à un tableau de bord. « Ces petites victoires vous permettent de maintenir un sentiment de contrôle et d’efficacité », souligne-t-elle avec conviction. Ces objectifs hebdomadaires vous aident à transformer une tâche intimidante en une série de petites étapes réalisables, vous rapprochant ainsi progressivement de votre objectif final.

Le conseil d’Audrey : Divisez votre recherche d’emploi en petites étapes digestibles. Fixez-vous chaque semaine des objectifs simples mais significatifs, et célébrez chaque progrès, aussi petit soit-il. Cela vous permettra de garder le cap et de maintenir votre motivation à long terme.

La recherche d’emploi est plus qu’une simple quête de poste vacant. C’est un voyage jalonné d’émotions complexes et parfois écrasantes. Mais en comprenant les sources de votre culpabilité et en adoptant des stratégies pour surmonter les moments de silence, vous vous donnez les moyens de reprendre les rênes de votre parcours professionnel.

Article écrit par Sarah Torné ; édité par Manuel Avenel ; Photo Thomas Decamps pour WTTJ

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